Le 14 juin 1940, l’armée allemande défile au pas de l’oie sur les Champs-Elysées. Juliette assiste, révoltée, au terrible spectacle. L’occupation commence, avec ses réquisitions, ses arrestations arbitraires... Léa Vollack, la meilleure amie de l’héroïne, est raflée avec sa famille parce que juive. Envoyée à Drancy, elle est déportée, on ne sait où…
Nous on sait évidemment : vers un camp de mise à mort, en l’occurrence Majdanek, près de Lublin, l’un des camps les plus à l’Est du Gouvernement général de Pologne.
La guerre finie, Juliette, en journaliste émérite, va enquêter pour savoir ce qu’est devenue son amie Léa. De l’Hôtel Lutetia à Lublin, elle découvre la réalité de Majdanek, l’un des premiers camps d’extermination libérés par les Russes dont la progression fut si rapide que les Allemands n’eurent pas le temps de détruire les fours crématoires : les cendres étaient encore brûlantes. Les preuves de l’infâmie nazie devenaient probantes.
Léa est vivante, apprend-on. Mais elle n’est pas là, car elle a quitté le camp pour l’Union soviétique. Qu’importe, Mademoiselle J. part à sa recherche…
Le dessin de Laurent Verron est solide, dans la grande tradition de l’école belge, vif et entraînant. L’histoire a du rythme et ses personnages du tempérament. Celui qui a un peu étudié le sujet se rend compte que le sous-texte historique est soigneusement documenté. La Shoah n’est pas prise à la légère et elle s’inscrit ici dans l’épisode peu connu de la libération des camps de Pologne par l’Armée rouge. Le chemin pour le bout du monde prend parfois des détours sinueux.
(par Didier Pasamonik (L’Agence BD))
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