Les personnages sont aussi décalés que les situations sont absurdes. Un couple d’escrocs compte leurs billets volés, un solitaire fantasme sur sa voisine en regardant une caméra cachée ou encore un vieux couple prépare leur suicide ensemble.
Chaque chapitre raconte des protagonistes différents habitant dans un même immeuble. Le tout est rythmé par une coupure d’électricité, des coups de feu et des personnages qui se croisent. On se rend vite compte que tout se passe au même moment. Quand un personnage intervient dans une histoire, nous passons à lui dans le chapitre suivant pour connaître ce qu’il vient de vivre.
Tobias Aeschbacher n’est pas tendre avec ses personnages. La répétition du destin tragique à chaque chapitre ne donne pas envie de s’attacher à eux. On découvre dans une ambiance froide qu’ils ont chacun un sang froid hors du commun face à une arme à feu ou face à une menace. La manière d’amener chacun des protagonistes intrigue : quelles relations et quels liens existent entre chacun d’eux ?
Les couleurs sont efficaces pour se repérer dans le temps. A chaque chapitre, il y a un passage où les cases sont teintées d’un bleu sombre. C’est le moment de la coupure de courant.
Dès le début de cette œuvre nous avons l’information que l’immeuble n’est pas commun et que l’espace n’est pas forcément logique. Les appartements ne sont pas numérotés dans l’ordre, avec par exemple le numéro 12 à côté de la porte d’entrée du bâtiment à la place du numéro 1. Les décors sont épurés et les objets présents dans les pièces ne sont pas là par hasard. Ils servent à la narration. Une bougie éteinte pour montrer le temps qui passe ou encore des lampes qui s’éteignent.
Les couleurs sont dans l’ensemble ternes, excepté la couleur rouge vive du sang. On ne peut pas rater le côté gore.
On entre dans un univers décalé sans scrupule avec une dose d’humour noir.
(par Aurélie MONTEIX)
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