C’est la 27e édition du Festival de la BD francophone de Québec, la 10e au sein du Salon du livre international de Québec. Vous réussissez là où d’autres événements n’ont pas su assurer une telle continuité, comme ce fut le cas à Montréal et à Gatineau. Qu’est-ce qui assure le succès du FBDFQ ?
En 27 ans, je dirais qu’il y a eu plusieurs vagues. Il y a eu de bons moments, et il y en a eu de moins bons. Il y a 10 ans, quand l’événement s’est repositionné en intégrant une partie de ses activités au Salon du livre, on était dans le creux de la vague. C’était une expérience qu’on faisait, et ça passait ou ça cassait. Il faut reconnaître que ce changement a relancé l’événement. Ça nous a permis d’avoir des bases plus solides. En 10 ans, on a réussi à redévelopper complètement l’événement avec un mandat un peu différent, plus axé sur la bande dessinée québécoise, alors qu’auparavant c’était davantage axé sur la collection. On s’est également efforcé, depuis plusieurs années, à développer une programmation autre que la dédicace, qui caractérise plusieurs événements.
Avec tout ce volet spectacle, notamment ?
Exactement. Cette année est d’ailleurs particulière à cet égard. On a un plus grand nombre de spectacles d’envergures – 5 en tout – qui sont présentés durant l’événement. Le premier avait lieu jeudi soir au Théâtre Petit-Champlain. C’était le premier spectacle payant que l’on présentait, et on a fait salle comble avec 230 entrées. On a des spectacles au Musée de la civilisation, au Musée des beaux-arts, et l’Impro BD, également, que l’on présente toute l’année. Donc on tente de développer notre clientèle à l’année pour l’événement et pour nos spectacles.
Dans le monde de la BD québécoise, on sait que la scène principale est à Montréal. Il y a également tout le pôle étudiant de l’Université du Québec en Outaouais, à Gatineau. Quel est le positionnement de Québec ?
On est un peu à l’image de notre ville, c’est-à-dire très relax. On a une scène de bande dessinée qui est quand même bien importante. On a des gens comme Jacques Lamontagne, Djief, Mikaël, Paul Bordeleau, Philippe Girard, Éric Asselin. Jimmy Beaulieu est originaire de Québec. Mécanique Générale a été fondée à Québec. Donc on a quand même un bon bassin d’auteurs. Je parlais de la nouvelle génération, mais des gens comme Mario Malouin, Serge Gaboury et d’autres sont implantés à Québec et ont toujours travaillé à partir de Québec. Sur le territoire de la région de Québec, on a une trentaine d’auteurs, dont plusieurs qui sont publiés professionnellement. Des gens comme Denis Goulet et autres ; je ne crois pas que nous soyons en reste au niveau de la population d’auteurs et du milieu de la bande dessinée. Le Festival a tout de même été un pôle rassembleur pour le milieu. On a fait des initiatives communes. On a des lunchs presque hebdomadaires avec des auteurs pour garder le milieu actif et être au courant.
Vous êtes à la barre du FBDFQ depuis 9 ans. Qu’est-ce qui vous guide dans vos choix de programmation ?
Au-delà de mes goûts personnels, c’est vraiment l’idée de proposer un événement varié. On ne tente pas de s’implanter dans un style ou dans un créneau en particulier. La liste des invités ou des auteurs que l’on reçoit au niveau international est autant faite pour plaire à des amateurs pointus en matière de bande dessinée, que du grand public. Si on parle de Guillaume Long, ce n’est pas un auteur des plus connus, même s’il a une excellente tribune grâce à son blogue, alors que des gens comme Grzegorz Rosinski vont aller rejoindre un public, ou encore Adam avec Game Over. Donc on essaie d’aller dans toutes les directions pour plaire au plus grand nombre. Pour ce qui est des auteurs québécois, on essaie d’être le plus rassembleur possible, c’est-à-dire d’offrir une opportunité de promotion de la bande dessinée québécoise, peu importe le style. Que ce soit de la bande dessinée d’auteur, de la bande dessinée de genre, de la bande dessinée amateur ou émergente, on essaie de rejoindre le plus de gens possible pour qu’ils viennent présenter leurs œuvres ici et rejoindre un public.
Du côté des Prix Bédéis Causa, qu’est-ce qui guide la sélection des finalistes et des lauréats ?
On travaille avec des libraires et des bibliothécaires pour établir une liste de finalistes. On ne demande pas aux gens de soumettre leurs albums. On tient à l’année un registre des albums qui sont éligibles dans nos catégories. Les libraires ont accès à ces livres-là, les bibliothécaires aussi. On trouve ensuite une façon de les réunir pour établir les choix. Mais on ne veut pas le faire sous mode soumission. On veut vraiment le faire comme choix libre. C’est sûr qu’il y a des discussions assez corsées entre les membres du jury pour établir les gagnants. Mais souvent, les choix des albums qui ont marqué l’année ressortent assez clairement.
Quels sont les principaux défis à relever pour le Festival de la BD francophone de Québec ?
On est une petite équipe avec un événement qui a beaucoup grossi au cours des dernières années. On est présentement à un stade où il faut voir, structurellement parlant, comment on peut continuer d’avancer. On grossit d’année en année en matière d’auteurs et d’activités. Il y a la programmation spectacles, comme je disais, qui s’est développée cette année et qu’on veut la bonifier l’an prochain. Au niveau structurel, il faut donc faire des ajustements. Sinon, au niveau de la programmation, c’est de trouver la façon, dans un laps de temps très court, de tout caser. Même si la plupart des événements sont plus courts que le nôtre, – 3 ou 4 jours, alors que nous avons 5 jours – on a de la difficulté à tout caser dans la programmation afin de satisfaire tout le monde.
Combien de gens vous attendez-vous à recevoir pour la durée du Festival ?
C’est difficile pour nous d’établir le nombre de visiteurs. Le Salon du livre international de Québec avait, l’an dernier, 65 000 visiteurs. Nous tapons dans ce bassin de visiteurs, mais nous avons de la difficulté à établir un nombre fixe. Par contre, tous ces gens ont accès à nos activités à l’intérieur du Salon. À l’extérieur du Salon, c’est plutôt facile de comptabiliser le volet spectacles. Du côté des expositions, on en a 15 cette année, dont plusieurs dans des lieux publics. Encore une fois, c’est donc très difficile d’établir un nombre. On a un bon achalandage, et les lieux qui accueillent nos expositions nous en redemandent année après année. Dans le Faubourg Saint-Jean-Baptiste, où on est partenaire cette année, on a presque doublé le nombre de commerces avec lesquels on fait affaire. Je crois donc que l’impact de notre événement est intéressant au-delà de l’achalandage.
(par Marianne St-Jacques)
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