L’arc des Domitors : l’intrigue avance
Le 18e tome de Radiant s’ouvre sur le duo Seth et Doc qui s’extasient sur les follets créés par Hürla, l’alchimiste, dans son laboratoire construit dans un monde de magie d’une grande complexité. Ces follets constituent une expérience pour recréer le petit peuple. Pour Ocoho, la trame la conduit à développer ses liens avec Diabal. Quant à Mélie, aux côtés de Lupa, elle s’exerce à maîtriser son lien avec son Némésis.
Dans Bôme, Torque, général de l’Inquisition, organise le resserrement du pouvoir inquisitorial sur la population. Alors que se profile le concile des Généraux, il affirme de manière tonitruante "Nous sommes en guerre". Aucun nouvel incident ne doit venir entacher le pouvoir et la réputation de l’Inquisition. Une situation qui justifie selon lui l’installation d’un véritable état policier. Recherché, Dart Dragunov s’emploie quant à lui à échapper à ses poursuivants et découvre un lourd secret concernant l’énigmatique Grimm.
Ce nouveau tome nous permet aussi d’en apprendre bien davantage sur la Mesnie, ces sorcières, comme Engti Nocti, qui pratique une magie faite de sang et d’os. Une sorcellerie d’une grande puissance qui inquiète nos héros. Enfin, est intronisé un nouveau groupe d’inquisiteurs particulièrement redoutable dénommé "L’escadron des nuages".
Les ingrédients de Radiant toujours au rendez-vous
Ce nouveau tome respecte les ingrédients de Radiant. Les trames scénaristiques sont "enrobées d’un vernis de conneries" (Tony Valente) sous lesquelles percent un héroïsme touchant et une réflexion latente. Les dialogues donnent toujours lieu à des échanges croustillants et les inventions linguistiques de Doc amusent toujours autant.
Les potentialités graphiques du manga ("un vecteur d’émotions aussi universel" selon Tony Valente) continuent d’être pleinement exploitées par l’auteur avec une grande expressivité/plasticité des visages, des exagérations, des moments d’absurdité et de surréalisme.
Enfin, le mangaka français manie d’une main de maître ses derniers arcs scénaristiques (celui que nous préférons est le précédent, celui sur les Chevaliers-Sorciers, bien que le cycle présent sur les Domitors s’annonce comme étant du même niveau), l’évolution de ses héros qui s’imbrique merveilleusement avec leur passé, ainsi que la multiplicité des personnages, toujours plus nombreux tome après tome. Ce qui ne cesse probablement d’alourdir le travail du scénario pour Tony Valente.
Les valeurs de Radiant
Il existe de nombreuses bandes dessinées à travers le monde qui, grâce à leurs récits, souhaitent défendre des valeurs progressistes. Cela n’est pas toujours fait de manière adroite, si bien que certaines créations pensées, par exemple, comme féministes... ne le sont au final pas, malgré la bonne volonté des auteurs ou autrices.
Tony Valente n’est pas de ceux-là. Ses personnages, quelque soit leur couleur de peau, leurs origines ou leur orientation sexuelle n’existent jamais que par leur histoire. En d’autres termes, l’auteur ne crée pas un personnage parce qu’il faudrait faire apparaître une personne issue d’une minorité afin de cocher la case "modernité du récit". Ces caractéristiques existent parmi d’autres et doivent aller de soi. L’insertion de la différence est normale et n’a pas à être soulignée.
Ce qui n’empêche pas l’auteur de poser de véritables questions avec subtilité. En témoigne les nombreux retours des lecteurs dans le Toum ?Stak !!! (rubrique de fin de tome où Tony Valente répond aux questions des lecteurs) lors de l’arc sur Rumble Town où surgissent les question de migration ou d’exclusion socio-culturelle. Dans ce tome 18, une assertion sur l’homosexualité féminine ou le féminisme (avec le roi Herklès) nous rappellent les valeurs universelles portées par la série avec intelligence. Tout cela sans oublié qu’aux fondements de Radiant se trouve les "infectés", des gens pourchassés pour leur différence.
Le tome 18 est une incontestable réussite qui prouve le talent de l’auteur à mener un univers complexe sur un grand nombre de tomes. Des révélations majeures viennent faire avancer l’intrigue et rendent l’attente du prochain tome insoutenable.
(par Romain GARNIER)
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