Ce sont des objets petits mais délicats et qui détiennent une charge d’allégresse qui vient directement de l’enfance. Un monde enchanté qui prolonge de façon moins belliqueuse ces soldats de plomb qui occupaient les enfants en pantalons golf du temps jadis. Le symbole de la maison est un petit chien nommé « Roger-Roger ». L’âme tutélaire en est Alexis Polakioff, le propre fils de Serge Poliakoff, le célèbre peintre abstrait qui, pour occuper son rejeton, lui donna de la terre glaise pour faire ses premières sculptures.
Plus tard, Alexis devint le curateur des expositions de son père -une occupation quasi à temps plein- tout en cultivant cette petite addiction sculptoriale, tandis que son beau-fils Philippe-Antoine Guénard entreprit plus tard de créer avec lui une activité commerciale : une collection de Pixies qui eut très vite son musée-boutique à Saint-Germain des prés dans le 6e arrondissement de Paris. Roger-Roger, le clébard au coquard eut tout de suite sa figurine comme bien d’autres personnages composant un jardin extraordinaire : divas et dandies en costumes de haute couture, petits métiers, peuplades oubliées…
Et puis la BD vint. Avec Tintin en tête. Hergé -peintre abstrait du Dimanche- était admirateur de Poliakoff-père tandis que Poliakoff-fils idolâtrait le reporter belge à la houppe. Il fut la première incursion des pixies dans le monde de la BD. Il ne l’a depuis plus quitté. Uderzo et Goscinny et leur Astérix suivirent, puis le Gaston de Franquin, Morris et Lucky Luke, les Shadoks de Jacques Rouxel, les Schtroumpfs de Peyo, le Corto Maltese de Pratt, le Petit Nicolas de Goscinny et Sempé, piuis encore Gotlib, Tardi, Little Nemo, Blake & Mortimer, Les Pieds Nickelés, Bibendum, jusqu’à la Tapisserie de Bayeux, rien n’échappa à la mise en « petits-formats » et surtout pas le Spirou de Franquin. Une aventure peuplée de milliers de petits héros sculptés et peints à la main, figures ineffaçables de nos imaginaires enfantins.
Antoine de Caunes évoque tout cela avec gourmandise dans ce livre : Pixi, une douce addiction, avec de sublimes photos de Vincent Bousserez. Entendre nous en parler, de leur qualité, de leur rareté, des souvenirs qu’ils déclenchent dans son imaginaire, cela donne fichtrement envie…
Voir en ligne : LA BOUTIQUE PIXI & CIE
(par Didier Pasamonik (L’Agence BD))
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