Vous avez une grosse réputation d’auteur de bande dessinée et votre production croît au rythme d’un à deux ouvrages chaque année, mais vos admirateurs ont l’impression de faire partie d’un groupe d’esthètes, un peu en marge. Ont-ils raison ?
La bande dessinée est assez riche et assez vivante pour embrasser un spectre large, de la série populaire jusqu’aux expérimentations radicales. En tant que lecteur, ce sont les expérimentations radicales qui m’intéressent, en tant qu’auteur également. Ensuite, qualifier « d’esthète » un public qui n’est pas passionné par les séries à grosses ficelles, je ne suis pas d’accord, je dirais plutôt de ce public qu’il est curieux.
Vous avez travaillé chez Disney. A-t-il fallu vous débarrasser d’une certaine esthétique de l’animation ou considérez-vous que ce que vous faites aujourd’hui est dans sa continuité ?
Je ne viens pas du tout du dessin animé, j’ai juste dû travailler chez Disney pour vivre au moment ou les avances minables que je recevais des Humanos pour mon premier livre (Foligatto) n’étaient pas suffisantes. L’animation est une expression qui permet moins de liberté que la bande dessinée, à cause des contingences et des coûts de production, et de son image de production « pour les enfants » qui persiste malheureusement auprès des investisseurs (et des critiques).
On se souvient de votre compagnonnage avec Sylvain Chomet sur Léon La Came. Son film, "Les Triplettes de Belleville", a suscité une polémique . Qu’en a-t-il été exactement ?
Pour ses « Triplettes », Chomet a simplement plagié l’univers que j’ai créé dans le Bibendum Céleste dix ans auparavant.
Vous-même, vous avez également des projets pour le cinéma ?
Oui, mais c’est toujours très compliqué - pour des raisons financières- quand on développe un travail qui n’est pas « mainstream. »
Que signifie pour vous cette suite de 500 dessins pour la Galerie BDartist(e) ?
J’ai toujours adoré le dessin, notamment les croquis. J’ai découvert un livre d’esquisses de Bonnard sous la forme de petits ouvrages réunis en coffret, qui m’a donné plus ou moins l’idée de 500 dessins.
Il s’agissait juste de réunir quinze ans de croquis, de dessins réalisés sans y penser, sur un coin de table ou au téléphone. Je trouve qu’il y a une puissance qui n’existe plus dans les dessins « utiles », ceux qui se retrouvent dans les bandes dessinées par exemple, dont le rôle est narratif et qui sont donc conceptualisés comme tels.
L’intérêt pour moi sur 500 dessins à aussi été de travailler à la conception graphique et à la maquette du livre.
Quelle est votre prochaine publication ?
Un livre de dessins sur le Japon que j’ai réalisé à Kyoto sortira en mars ou avril aux Éditions du Chêne.
Propos recueillis par Didier Pasamonik
(par Didier Pasamonik (L’Agence BD))
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Exposition-vente à la Galerie BDartis(e) à Paris, du 22 septembre au 26 octobre 2011. Les prix vont de 150 à 1500 euros.
Lire la Chronique de Florian Rubis
500 dessins (volume I) - Par Nicolas de Crécy – Bdartist(e) (Éditions Barbier & Mathon) – 252 pages, 35 euros
Ouvrage tiré à 1 000 exemplaires. Tirage de tête de 75 exemplaires numérotés et signés, accompagnés d’une sérigraphie inédite, en vente exclusive à la galerie (75 euros).
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