Quel était votre état d’esprit lorsque vous avez réalisé les œuvres de cette exposition ?
De manière générale, je suis passé par plusieurs étapes depuis les événements de fin 2022, les pétitions et la déprogrammation de mon expo prévue pour le FIBD d’Angoulême 2023. Tout d’abord, la panique, qui a duré un bon mois. J’ai dû revenir à mes fondations pour voir si elles existaient et si elles étaient solides. J’avais la chance d’être entouré de ma femme, de mes enfants, de mes parents, de mes amis ainsi que de mes éditeurs Casterman et Glénat. Une fois que j’ai pu me raccrocher à ces murs porteurs, la panique a cédé la place à une courte phase de haine, qu’il fallait transformer en colère. Puis, j’ai transformé la colère en énergie pour pouvoir me remettre à travailler.
Je ne sais pas ce qui aurait pu se passer si je n’avais pas eu cette solidité autour de moi. C’est là où on se rend compte à quel point le milieu de la bande dessinée reste précaire, c’est un métier d’artiste et de saltimbanque. J’aurais pu dégager en un claquement de doigts !
En un an, j’ai eu le temps de beaucoup réfléchir et surtout de prendre du recul. J’ai compris ce qu’on me reprochait. J’arrive à discerner, à faire la part des choses. Je comprends aussi mes erreurs. Mais des valeurs fondamentales ont tout de même été attaquées, et je suis résolu à me battre.
Les menaces que vous avez reçues, l’annulation de l’exposition à Angoulême, les poursuites en justice, tout cela vous a conduit à une prise de recul ?
Tous les grands événements vous poussent à prendre du recul sur vous-même. Je me suis marié, j’ai eu des enfants, il y a eu des naissances autour de moi ainsi que des décès. Chaque moment marquant de votre vie vous amène à réfléchir, à gagner en maturité, car ce sont des étapes qui vous forcent à vous repositionner.
Là, j’ai vécu un énorme événement dans le milieu de la bande dessinée. Évidemment, ça m’a poussé à me poser et à réfléchir. Et l’on gagne toujours à se remettre en question. J’ai donc pris du recul, hiérarchisé les choses. Maintenant, je me sens en possession de meilleurs outils, je pense, pour attaquer mes prochains albums et le futur de ma création.
Allez-vous recentrer votre univers artistique d’une manière à moins à choquer le public ?
Je ne vais pas sombrer dans le militantisme. Aujourd’hui, toute une partie de mon œuvre a été entachée. La moindre chose que je réalise peut être interprétée comme de la provocation. C’est un jeu dangereux, mais c’est aussi dans ce type d’ambiance qu’ont travaillé beaucoup d’auteurs de bande dessinée. De manière générale, la bande dessinée a toujours été au cœur de cette problématique et de ces polémiques-là.
À mes débuts, la bande dessinée était dans une phase d’ouverture : le marché grandissait, les ventes suivaient, bref cela allait relativement bien. Et j’ai entendu des auteurs dire : « Le problème de la bande dessinée, c’est qu’on a cru qu’il y avait de l’argent à se faire... » À l’époque, je n’avais pas forcément saisi le sens de cette phrase. Avec le recul, je comprends que le milieu s’est précarisé. Quand l’économie va mal, les auteurs vont mal et les relations entre eux en sont affectées.
Quel impact a cette affaire sur votre création ?
Il faut maintenant que je fasse attention car je sais que chaque chose que je vais produire sera vue par certaines personnes comme une provocation. Je dois garder la tête froide et me recentrer sur les fondamentaux de la bande dessinée. C’est exactement ce que j’ai voulu faire avec cette exposition « Héritages ».
Est-ce que vous vous revendiquez comme un provocateur ?
J’ai commencé la bande dessinée en faisant de l’humour et on le retrouve dans tous mes albums, même les plus sérieux. Si, aujourd’hui, faire de l’humour est une provocation, alors oui, je suis un provocateur parce que la bande dessinée et l’humour sont indissociables à mes yeux.
L’humour est au cœur de cette exposition.
Parce que l’humour me caractérise, il fait partie de moi tout simplement. Je me rappelle cette phrase de Pierre Desproges qui disait que les gens seront toujours du côté du guignol. On peut trouver cela idéaliste, mais pour ma part, j’y crois profondément.
De manière plus générale, je ne souhaite pas me défendre par le biais de cette exposition. Elle m’aide à réfléchir à nouveau à tout ce qui s’est passé. Ce qui m’a le plus heurté, là où j’ai le plus souffert, c’est de me rendre compte que la bande dessinée risque gros. Et je ne suis pas en train de parler de moi… Je n’ai fait que poser une petite brique au sein d’une immense cathédrale construite par tous les autres autrices et auteurs. Ma plus grande peur a été que cette construction s’arrête ! Lorsque j’ai vu ce qui s’est passé au sein de cette cathédrale, à savoir cette méconnaissance totale de l’Histoire de la bande dessinée de la part d’autres auteurs, donc de collègues, cela m’a donné envie de me recentrer sur ce qu’est le médium, son héritage graphique, pour me rappeler, nous rappeler pourquoi on fait de la bande dessinée.
Certains dessins laissent à penser que vous êtes redescendu brutalement d’un nuage où vous pensiez que l’ensemble des auteurs composaient une communauté solidaire.
Oui, je le pensais. Sans doute suis-je encore très naïf et je dois travailler sur ce point également. Mais si nous ne partageons pas une volonté commune de faire progresser un art, alors nous sommes de simples commerçants ! Je n’arriverais pas à comprendre le sens de notre art… Pour moi, au sein de la bande dessinée, il y a de la place pour tous. Ce n’est pas une entreprise où l’on fait descendre Vivès de son piédestal pour prendre sa place. Les gens qui m’ont soutenu ne craignaient pas de prendre des coups, car la bande dessinée était plus importante à leurs yeux que leur propre position d’auteur.
La bande dessinée est une bulle : nous vivons une parenthèse enchantée qui existe depuis une centaine d’années. Elle est absolument merveilleuse et il faut préserver ce climat. Parce que tous les exemples autour de moi me montrent que la bande dessinée n’a pas forcément sa place partout dans le monde. Disposer d’un espace où l’on peut raconter des histoires pour enfants comme pour adultes démontre que c’est un merveilleux médium, abordable, et aux possibilités presque infinies.
En introduction du catalogue de votre exposition se trouvent deux planches de Dany où Olivier Rameau ne rêve plus...
On a toujours entendu dire que la bande dessinée rendait les gamins débiles, sans parler des adultes qui osaient en lire, ô scandale ! Si Dany fait ces planches en 1987, comme tant d’autres l’ont abordé également à leurs manières, c’est pour rappeler que le milieu de la bande dessinée s’est toujours battu pour aller à l’encontre de ce courant.
Les problèmes que j’ai rencontrés, ne sont pas juste des questions d’ordre idéologique de 2024, comme si une génération venait d’apparaître et de découvrir qu’il y avait des choses complètement amorales. Bien sûr que non, ces mots étaient déjà ceux de ma grand-mère, de mon arrière-grand-mère. Je voulais reconvoquer ces éléments au travers de ces références, de ces héritages.
Dans l’exposition, on trouve donc des pastiches, de la parodie, de la caricature, des détournements comme des photos connues où j’ai rajouté un sac Canal-BD par exemple. Je parle d’héritage, car j’ai toujours lu de la bande dessinée et j’ai toujours trouvé de la bande dessinée qui me correspondait à chaque moment de ma vie. Elle n’avait peut-être pas été réalisée précisément pour ma tranche d’âge, mais elle représentait exactement ce que je voulais lire à ce moment-là. Quand j’ai voulu m’encanailler, elle était là. Quand j’ai voulu rêver, elle était là. Mieux : je ne pensais pas qu’on pouvait pleurer avec de la bande dessinée, mais des albums me l’ont démontré avec talent et émotion. Disposer de cette grande variété d’approches est justement ce qui la rend belle et précieuse. Et je me suis rendu compte qu’elle était aussi très fragile.
Vous représentez des quidams qui arborent des personnages iconiques de la BD sur leurs vêtements ou l’évoquent dans la vie de tous les jours. Mais c’est une illusion, non ?
Oui, je pense que je vis moi-même dans le fantasme pur d’un monde idéal dédié au 9e art. L’exposition reprend un autre dessin, intitulé Comics House, où je me suis dessiné avec ma femme et mes enfants, marchant dans une rue des années 1970 dédiée uniquement à la bande dessinée. Je me suis inspirée de la photo d’une rue américaine remplies de cinéma X où j’ai remplacé les mots « porn » et « sex » par « comics », et où l’on retrouve tout le monde est en train de lire la BD. Car j’ai toujours aimé cette idée de langage commun et international qu’est la bande dessinée. Dans nos pays, rares sont d’ailleurs les enfants qui grandissent sans lire de bandes dessinées, y compris le manga qui participe à l’essor du médium.
Quant à la frontière entre le réel et la fiction dessinée, oui je revendique complètement cette perméabilité. L’immersion que l’on ressent à sa lecture est justement l’une des choses qui me plaît le plus. Il ne s’agit pas d’un film pour lequel il faut se plonger dans le noir ou un livre pour lequel le cerveau recrée le décorum. Dès qu’on ouvre un album de bande dessinée, l’impact visuel provoque une immersion immédiate. Là réside sa force.
J’y suis tellement sensible que je ressens sans doute moins la frontière avec la vie réelle que d’autres. J’ai d’ailleurs toujours cherché à bâtir des passages entre eux, ce qui m’a certainement desservi concernant les problèmes qui me sont tombés dessus. J’ai certainement été trop brut, imaginant que la vie était un peu comme une bande dessinée, un peu déconnante, que l’on pouvait tout dire, tout faire.
Est-ce qu’il y a des albums que vous regrettez aujourd’hui ?
Non, aucun. Aussi triste soit cette affaire, elle prend le pouls de notre société. Au moment de leurs sorties, mes albums n’ont emmerdé personne. Plusieurs années plus tard, on m’attaque sur leur contenu, on me traîne en justice. À chaque fois, j’ai bénéficié d’un non-lieu. Mais cela n’empêche pas que je vais à nouveau être jugé pour leur contenu…
Lorsque je réalise un album, il est le produit du moment où il sort. Un récit que je publie en 2020 n’est pas prévu pour paraître en 2050. Il sort à une période que l’on partage. Je pense que La Décharge mentale est peut-être un des albums les plus intéressants à ce niveau-là, parce que j’ai mis le doigt sur quelque chose qui caractérisait l’époque, qui n’était pas raté ni totalement réussi. Cet entre-deux a pu irriter beaucoup de monde et je trouve cela formidable. Il méritait donc d’être fait.
Mais si je devais le refaire aujourd’hui, je ne le réaliserais certainement pas de la même façon. Pas après ce qui s’est passé, et ce que cela a provoqué. Je le retravaillerais autrement, avec d’autres angles et d’autres procédés toujours un peu grinçants, parce que j’ai toujours aimé titiller…
Non pas choquer, cela ne m’intéresse pas. Je préfère explorer certaines limites : quand on sait qu’on ne doit pas rigoler d’un sujet et qu’il nous fait finalement rire, les éclats sont plus francs et plus forts. Comme le dit si bien Michaël Sanlaville, si les merlans frits avait été le sujet tabou en France à l’époque, j’aurais réalisé un album à ce propos. La pédopornographie n’est donc pas du tout un sujet personnel, ce qui m’intéressait était la crispation qu’elle générait… sans penser que la justice pouvait être rétroactive à ce point-là.
Cette mise en cause par la justice plusieurs années après ces publications vous semble anachronique ?
Sans aller jusqu’à ce point, si La Décharge mentale s’était plantée dès sa sortie, j’aurais immédiatement compris ! Au contraire, l’album a été super bien accueilli, les gens ont adoré. Puis, plus tard, des mouvements ont émergé avec les prises de conscience que l’on connaît maintenant. La société a évolué, mais a-t-on pour autant le droit de reprocher certains de mes propos émis il y a plus de quinze ans ?...
Je n’ai jamais réalisé un album avec désinvolture, ou pour des raisons financières. Je n’ai donc pas publié quelque chose que je regrette ou que je pourrais regretter.
Vous signez cette grande illustration du Calvaire où le Christ est entouré par toutes ces femmes à la poitrine opulente. Est-ce là une métaphore bouffonne de votre propre calvaire ?
Oui, complètement. C’est d’ailleurs la seule pièce de toute l’exposition qui n’est pas à vendre… Parce qu’on a tous une représentation de notre Calvaire personnel… Et pour moi… Comment dire ?...
Ah… C’est pour ça que je fais de la bande dessinée : parce que j’arrive plus facilement à m’exprimer à l’aide d’un dessin, alors que, dans une conversation, certains mots comme « fantasme » ou « perversité » me font moins bien comprendre et tomber tout de suite dans un autre registre. Ce que j’apprécie dans cette illustration tient également à l’humour qui s’en dégage, à son détournement.
Cette confusion est un moteur en soi ?
C’est l’encombrement des envies, de tout ! En tant qu’artiste, être encombré par cinq mille sujets qu’on a envie de traiter alors qu’il ne faut en choisir qu’un. Être encombré en permanence est la manière dans laquelle je vis. Cet encombrement n’est pas apparenté pour moi à de la gêne, juste à la quantité de choses qu’on ramasse. Quand on fait de la bande dessinée, on prend aussi toute l’Histoire du médium avec soi. Et c’est justement ce qui m’a choqué dans les affaires de ces derniers mois : j’ai entendu des autrices et des auteurs cautionnant la censure et la revendiquer comme nécessaire aujourd’hui. Moi, ça me rend fou et je pense que n’importe quelle personne qui connaît un peu l’édition de la bande dessinée réagira de la même façon.
La plupart des projets auxquels vous étiez associé ont paraît-il été interrompus.
Oui, depuis un an et demi, pas mal de choses ont été stoppées ou abandonnées. J’ai heureusement pu avancer sur d’autres projets, je le dois beaucoup à la confiance de Casterman et de Patrizia Zanotti, l’ayant droits d’Hugo Pratt. Le Corto Maltese que j’ai dessiné a été capital pour moi, je ne pensais pas qu’il serait un tel compagnon de galère. Je l’ai dessiné pendant toute cette année compliquée et cela m’a vraiment fait du bien, car il a été ma bouée de secours et je me suis rattaché à elle. Cela m’a permis de montrer que même lorsqu’il m’arrivait ce genre de chose, je pouvais quand même refaire des livres, que je n’étais pas seulement un guignol de passage. Mais c’est vrai qu’aujourd’hui, je ne construis aucun projet en dehors de la bande dessinée, parce que tout cela reste fragile… Alors qu’en BD, j’ai ma place, je continue d’avancer.
Vous y revendiquez votre place ?
Bien sûr ! Certes, j’ai été très influencé par une narration cinématographique au début de ma carrière, mais on remarque que, dans mon travail, je cherche à exploiter de plus en plus le format et le potentiel de la bande dessinée.
D’où la ligne qui se dégage de l’expo : un hommage à toutes vos références.
On retrouve beaucoup de références, mais il en manque énormément. Je me suis surtout concentré sur l’imaginaire de la bande dessinée, que l’on soit néophyte ou pas, que l’on soit professionnel ou non. Je ne voulais pas réaliser un best of de mes influences car cela n’aurait pas intéressé le public, mais plutôt sur les origines communes à tout ce que j’aime : Hergé et Disney. On ressent que même le manga découle de ces quelques personnes qui, dans leur coin, ont créé une forme de langage qui allait parler à la Terre entière. Moi je trouve ça absolument merveilleux et j’en joue énormément.
Précédemment, j’ai réalisé un album que j’aime beaucoup, Dernier Week-end de janvier, qui n’a pas forcément trouvé son public à cause de la polémique qui nous occupe. Un récit très personnel qui me tient à cœur, et dont je reprends le personnage dans l’expo. Il incarne le milieu de la bande dessinée qui me passionnait avant mon histoire, et qui continue de me passionner. C’est d’ailleurs ce qui m’a plus manqué pendant ces 18 mois : les festivals, la discussion avec les lecteurs et avec les autres auteurs. Certains disent que parler de BD pendant plusieurs jours lors d’un festival, pouvait être lassant, mais pour ma part, j’ai toujours adoré parler dessin. A contrario, je parle de judiciaire depuis plus d’un an et cela me mine le moral.
Dans l’expo, vous vous dessinez, plus vieux d’une vingtaine d’années, en train de solder vos propres bouquins…
Cette caricature devait être exposée à Angoulême en 2023, comme certaines autres que j’ai reprises pour cette occasion à la galerie Huberty & Breyne. Elle était presque annonciatrice de certaines choses qui se sont déroulées, mais je préfère retenir l’humour qui s’en dégage.
Cette expo-vente reprend donc en partie l’expo du FIBD qui a été annulée ?
Si j’avais travaillé sur la Carte blanche d’Angoulême, c’est que j’avais tout de même quelque chose à dire. J’avais réfléchi à une thématique assez conceptuelle, et j’ai donc répondu favorablement par la suite lorsqu’Alain Huberty m’a proposé de monter une nouvelle exposition. Cela me plaisait de revenir sur le papier, mais je voulais surtout exprimer avec des illustrations ce que je ne pouvais pas forcément développer dans des albums. Ces dessins ne sont pas que de belles images destinées aux collectionneurs, ils sont surtout narratifs. J’espère que cette exposition intriguera, qu’elle fera un peu réfléchir… et qu’elle détendra l’atmosphère.
Cherchez-vous à ce que tout se calme ?
En tout cas, la stratégie du dos rond est belle et bien terminée. Je l’ai adoptée un moment parce qu’il fallait que les choses s’apaisent. Maintenant, des enquêtes et des procès sont encore en cours, mais je vais tenir bon car je ne veux pas que l’on fasse de mal à la bande dessinée. J’aurai beaucoup de mal à me remettre d’une décision liberticide par rapport à la création. Me rendre compte que j’aurais forcé le destin pour parvenir à cette conclusion, me serait particulièrement difficile. Pour ne pas dire plus… Je pense que cette polémique a créé un traumatisme dans le milieu de la bande dessinée qui n’y était pas préparé. On ne s’attendait pas à cette violence.
J’ai un travail à faire sur moi, ainsi que mes éditeurs qui ont, eux aussi, pris conscience qu’il fallait faire front quand on est attaqués, rester solidaires entre auteurs et éditeurs, tout en s’adaptant à l’époque où l’on publie. Car il y a plein de beaux livres à publier, et je ne parle pas de moi. Les éditeurs doivent être forts et aussi courageux pour proposer certains contenus.
Pour terminer, vous réalisez un dessin où l’héroïne du Goût du chlore marche main dans la main avec Petit Paul : une manière de concilier ce qui semble inconciliable pour beaucoup ?
Beaucoup de personnes qui m’attaquent veulent démontrer qu’il y a le bon et le mauvais Vivès. C’est une vision manichéenne que je rejette bien entendu, je ne suis qu’un auteur et j’assume tous mes livres.
Puis c’est une question de point de vue : certaines lectrices et certains lecteurs vont trouver que quelques-uns de mes albums sont mièvres alors que d’autres les adorent ; une autre partie du public considère que d’autres ouvrages sont abjects même s’ils sont applaudis dans le même temps. Et je partage ce ressenti : il y a pleins d’auteurs et d’artistes que j’adore, et qui ont également produit des œuvres que je déteste. Mais même les mauvais livres d’une autrice ou d’un auteur que j’apprécie, sont intéressants. Surtout si d’autres les qualifient de chefs-d’œuvre : c’est à chaque lecteur de juger.
Je pense que les artistes sont uniquement voués à proposer des choses au public, pas de les imposer, et certainement pas pour faire l’apologie d’un truc ou l’autre. À la fin, chacun est juge.
Propos recueillis par Charles-Louis Detournay.
(par Charles-Louis Detournay)
Cet article reste la propriété de son auteur et ne peut être reproduit sans son autorisation.
Exposition Bastien Vivès - "Héritages" du 12 avril au 11 mai.
Galerie Huberty & Breyne
Place du Châtelain, 33 – 1050 Bruxelles (Belgique)
TEL : +32/2.893.90.30
Mail : contact@hubertybreyne.com
Galerie ouverte du mardi au samedi de 11h à 18h
Concernant l’affaire Vivès :
Voir le dossier que nous avons réalisé
lire l’article de Marlène Agius : Le cas Vivès
« Bastien Vivès sort du silence » dans Le Point N°2692 du 7 mars 2024
Tribune libre à Didier Pasamonik : Angoulême 2023, le rendez-vous de la colère
Le FIBD annule la carte blanche à Bastien Vivès
Dernier Week-End de janvier : le retour compliqué de Bastien Vivès à la comédie romantique
Photo de Bastien Vivès : Zazzo.
Participez à la discussion