Quel a été votre rôle dans cette exposition ?
J’ai participé d’abord en prêtant les objets africains, océaniens, indiens d’Amérique et j’ai contribué au catalogue. Plus modestement, étant avocat de la Succession d’Hugo Pratt et étant membre de la loge à laquelle appartient le directeur de ce musée, Pierre Mollier, j’ai favorisé leur rapprochement. J’avais utilisé des croquis préparatoires d’Hugo Pratt pour ma carte de vœux, c’était une image de Corto Maltese en Sibérie. Émoi de mes frères maçonniques qui me demandèrent d’où je sortais ce dessin d’Hugo Pratt. Ils étaient tous passionnés de BD et se demandaient depuis un certain temps comment faire une expo sur la BD et la franc-maçonnerie, et surtout sous quel angle. Je les ai mis en contact avec Patrick Amsellem qui gère les droits de Hugo Pratt.
Est-ce que vous n’avez pas peur que cette exposition soit perçue comme un peu opportuniste, une forme d’opération de recrutement pour aspirants maçons ?
Je ne pense pas, sincèrement. Il y a deux publics : celui des maçons ; ceux-là, ils sont déjà entrés et on n’y rentre qu’une fois coopté ! Il y a un deuxième public qui est celui des amateurs d’Hugo Pratt au sens large. Car cela dépasse les amateurs de BD, comme vous le savez.
Mon voisin qui est un général à la retraite a une bibliothèque constituée de livres XVIIIe, après cette date, il considère que c’est de la confiture. Mais au milieu de tout cela, il a tout Corto qu’il ne considère pas comme de la BD mais comme quelque chose de "très différent".
Je ne pense pas que les lecteurs "profanes" de Pratt basculeront dans la franc-maçonnerie. Mais si, en revanche, on peut leur donner les clés de lecture de certains albums qu’ils adorent, que ce soit Fable de Venise ou Fort Wheeling qui n’est pas une aventure de Corto Maltese, mais dont le Musée a acheté trois planches peu connues, c’est une bonne chose.
Vous voulez dire que le Musée de la franc-maçonnerie a acquis ces planches ?
Oui, sur ma recommandation. C’est une façon pour cette institution d’acquérir des objets plus contemporains. À ma grande surprise, le conseil d’acquisition, où il n’y a pas que des jeunots en rollers, a voté la décision à l’unanimité !
Pour finir sur le côté "racoleur", il y a suffisamment de choses dans Hugo Pratt, de Raspoutine aux derviches tourneurs de Samarkande, qui parlent aux gens qui s’intéressent à l’aspect ésotérique ou métaphysique de son œuvre. Si cela permet seulement d’éviter de croire au grand complot judéo-maçonnique en découvrant qu’Hugo Pratt "en était", ce serait pas mal. Le but est de donner à relire une œuvre qui n’a été décryptée que par des initiés jusqu’ici.
Propos recueillis par Didier Pasamonik
(par Didier Pasamonik (L’Agence BD))
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Corto Maltese ou les Secrets de l’initiation
Musée de la Franc-Maçonnerie - 6 rue cadet - 75009 Paris (M° Cadet ou Grands Boulevards) - Tel : 01.45.23.75.09.
Entrée : 6€, tarif réduit : 4€. Du mardi au vendredi, de 10h00 à 19h00, fermé à l’heure du midi.
Un catalogue au prix de 10€ est vendu sur le lieu de l’exposition.
Photos : D. Pasamonik (L’Agence BD)
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