Davy Mourier bonjour, vous avez enfin publié votre BD qui était en lecture libre depuis un certain temps sur votre blog, qu’est ce qui vous a permis de le faire ?
Je rêve de faire de la BD depuis toujours, j’ai édité un truc à compte d’auteur en 2000, une BD qui s’appelait L’amour avec un grand A éditée à 1000 exemplaires, j’en ai encore 800 dans mon armoire, parce que je ne savais pas qu’il fallait un numéro ISBN pour le distribuer, un vrai débutant ! Ensuite, j’ai commencé mon blog BD et quand j’ai fini cette histoire il y a trois ans, je suis allé voir les éditeurs qui m’ont dit que ce n’était pas publiable, que c’était bizarre ces photos en arrière-plan, que c’était bien pour internet et uniquement pour Internet, que ca ne se vendrait pas en BD. J’ai donc abandonné l’idée et j’ai fait d’autres choses sur mon blog. Puis, il y a quelques mois de ça, j’ai reçu un email d’une jeune fille me disant qu’elle travaillait dans une nouvelle maison d’édition (éditions Adalie ndlr) et qu’elle aimerait éditer mes bandes dessinées. Mais elle pensait que si je n’étais pas encore édité, c’est parce que je voulais uniquement être sur Internet. Je lui ais répondu : « Mais non, pas du tout ! Au contraire, je veux bien ! »"
Est-ce après qu’on vous ait annoncé cette nouvelle que vous avez refait les dessins ou aviez-vous déjà en projet de refaire la BD avant ?
J’avais déjà en tête de refaire Il était une fois... parce que je m’étais rendu compte à la fin de la BD que je dessinais mieux qu’au début, les traits étaient mieux maitrisés.
Pourquoi ce travail avec les photos comme décor de votre histoire ?
Ce sont de vraies photos des endroits ou je suis passé, il y a aussi le vrai billet de train utilisé, la véritable date... L’histoire que je racontee est totalement autobiographique, c’est pour ca qu’au début il y a un mot pour Nolwen, qui était à Béziers en 2006. D’ailleurs pour la version édité de l’album j’ai du refaire les photos du début, celles de la fin étaient bonnes parce que c’est moi qui les avaient prises, mais celles du début non parce qu’a l’époque je faisais ca entre midi et deux sur mon lieu de travail et donc je piquais des photos sur internet. Je ne pouvais pas les garder pour des problèmes évidents de droit donc j’ai rappelé Nolwen et on a refait le même trajet qu’il y a trois ans ensemble pour prendre les photos.
Vous n’êtes donc plus ensemble ?
Eh non, désolé. Je brise le mythe mais j’ai un problème : Je n’arrive pas à rester avec une fille. La fin de la BD montre très bien ce souci.
L’autre face de votre BD : Papa, Maman, une maladie et moi ! qui est une histoire de famille donc, toujours autobiographique ?
En effet j’y raconte l’histoire de mon père qui a eu un problème. Il n’est pas mort, mais il a fallu qu’il passe une coloscopie. On lui avait dit qu’il y avait un risque de cancer. Il ne voulait pas y aller parce qu’il n’aime pas les hôpitaux, il n’aime pas les médecins. C’est un homme, un vrai ! L’histoire c’est donc cette attente, son angoisse, le "qu’est ce qu’on va faire si..." C’est tout cela, mais avec un peu d’humour.
L’avez-vous dessiné avant ou après Il était une fois... ?
Je l’ai fais après avec un style un peu différent, même si je fais encore un personnage qui me représente un peu. Je suis graphiste plus que dessinateur BD. Je sais que je ne suis pas très bon en dessin, mais j’essaie de pallier mes incapacités avec ce que je raconte, ma manière de parler et le graphisme. Il y a ce côté simpliste et attachant qui fait que des gens sur mon blog me disent qu’ils s’y reconnaissent, qu’ils ont vécu la même chose. Des gens m’envoient leurs histoires d’amour, c’est marrant.
D’autres projets en prévision ?
Le prochain validé est Mouarf !, la BD blanche et rouge aussi visible sur mon blog. C’est une histoire d’amour qui m’est arrivée et ou je joue avec les codes de la bande dessinée : le personnage peut creuser les cases, il y a des flashbacks... Je raconte ma vie et, en même temps, je joue avec ces codes pour proposer quelque chose d’original. J’aime beaucoup et je suis d’ailleurs en train de préparer Mouarf ! 2 où je continue avec cette idée.
Sinon j’aimerais aussi sortir 41 euros, une série de strips se passant chez un psychanalyste. Mais je veux en faire une BD bien épaisse comprenant les 41 euros, mais aussi des choses de mon blog et d’autres que je vais rajouter car le côté visuel des 41 euros est trop statique : il n’y a que quelques détails qui changent comme la bouche ou les yeux... ce serait lassant. Je vais donc essayer de créer une histoire plus accessible.
Beaucoup de projets donc, mais l’éditrice est contente et les BD partent bien en dédicace, ça a l’air prometteur. La BD n’est disponible que dans les conventions mais bientôt elle sera en vente sur Unternet et à la rentrée dans les librairies. Pour l’instant, je veux faire le maximum de dédicaces. Il y a peu de bandes dessinées vendues qui ne soient pas dédicacées.
En fait c’est vraiment un rêve de gosse qui se réalise. D’ailleurs si je fais une émission sur la bande dessinée sur Nolife, c’est bien parce que j’étais frustré (rires) : "Je peux pas dessiner mais je peux interviewer les gens ! Tant pis, j’irais voir Larcenet et je serais content !"
Quelles sont vos influences dans la bande dessinée, vos derniers coups de cœur ?
Personnellement, je suis fan de Larcenet et de Trondheim. Je pense que cela doit se ressentir dans mes créations. Mon scénario prend le pas sur le dessin, mais il ne faut pas non plus que le dessin soit mauvais. Je lis très peu de bandes dessinées où le dessin prend toute la place.
Pour mes derniers coup de cœur il y a Pinocchio de Winshluss qui a eut le premier prix à Angoulême, c’est énorme et j’aime beaucoup. J’ai d’ailleurs interviewé Winshluss et je lui ai dit "Tu vas avoir le premier prix." Et il l’a eu ! Je ne dis pas que c’est grâce à moi, mais ca me paraissait tellement évident que ce serait lui.
J’ai aussi découvert récemment Socrate le Demi-chien, de Sfar et Blain que j’ai vraiment beaucoup aimé.
Envisagez-vous un jour de créer une fiction pour changer des autobiographies ?
Non, je ne peux pas dessiner de la fiction, car cela m’ennuie. Quand je fais de la bande dessinée, j’ai besoin de raconter ma vie, de sortir des choses qui sont enfouies en moi, des choses intimes. La bande dessinée est pour moi une sorte de deuxième psychanalyse.
(par Nicolas Depraeter)
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en médaillon : Davy Mourier, photo de Thomas Berthelon
Par Nicolas Depraeter
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