Au pays de Juanjo Guarnido, de Rubén Pellejero et de Daniel Torrès, le lecteur distrait pourrait croire que l’Espagne n’est qu’une nation de dessinateurs. C’est oublier un peu vite Cervantès et ses successeurs bédéistes comme Victor Mora ou encore Juan Diaz Canalès qui ont connu de réels succès de ce côté-ci des Pyrénées.
C’est oublier Antonio Altarriba, essayiste (on lui doit une Histoire de la bande dessinée espagnole), romancier, critique et scénariste de bande dessinée et de télévision, qui chez Denoël Graphic a aligné cinq romans graphiques parmi les remarquables publiés ces dernières années.
Si l’Épopée espagnole (L’Art de voler et L’Aile brisée, dessins de Kim, Ed. Denoël Graphic) raconte l’Espagne franquiste au travers du regard de ses parents, la Trilogie du Moi (dessins de Keko, toujours chez Denoël Graphic) est un regard sans concession sur le monde contemporain dans les domaines du savoir, de la médecine, et de la politique, lieux de pouvoir et, partant, de compromission.
L’œuvre d’Altarriba est noire comme l’étendard de l’anarchie et, comme elle, un peu désespérée. Mais elle est érudite et troublante, portant la réflexion. Elle est surtout intemporelle, inaltérable comme l’est un bon classique. Et dans ce domaine, Altarriba en connaît un rayon…
(par Didier Pasamonik (L’Agence BD))
(par François RISSEL)
(par Cédric Munsch)
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