Angoulême, vous connaissiez ?
Le Festival, je le connaissais comme tout le monde, mais je n’y étais jamais venue, je n’en avais pas eu l’occasion. Je suis ravie d’être là, comme ministre.
Quel est votre parcours dans la lecture de la bande dessinée ?
Au départ, un parcours de petites filles lesquelles sont moins orientées vers la BD, au contraire des garçons. J’étais abonnée à Pif Gadget, c’est comme cela que je l’ai découverte. Puis, entre l’enfance et l’adolescence, j’ai lu Blake & Mortimer, Astérix... J’ai découvert Corto Maltese un peu plus tard. Puis Bilal, plus récemment Manu Larcenet, évidemment Art Spiegelman. J’aime beaucoup Marjane Satrapi et des jeunes femmes comme Pénélope Bagieu qui apporte du sang neuf, un esprit corrosif mais tendre, ce regard un peu féminin sur les contemporains. J’en oublie...
Est-ce que pour un ministre de la culture, la bande dessinée est importante dans le paysage culturel ?
C’est très important parce que la bande dessinée est un art populaire et une manière de faire lire les enfants. Les enfants qui lisent la bande dessinée ont une pratique culturelle importante. 90% des 11-14 ans déclarent aujourd’hui qu’ils ont lu une BD. C’est très bien, il faut les encourager et aussi les orienter vers la diversité de la bande dessinée, les différentes écoles, les différents genres et les amener à former leur goût. C’est une grande fierté car la France et la Belgique font partie des grandes zones de la création de la bande dessinée dans le monde.
Il y a une grande production, on parle même de surproduction. Est-ce que les professionnels de la BD : auteurs, éditeurs, libraires... sont venus vers vous pour vous parler d’une "crise de la BD" ?
Non, on ne m’a pas parlé de "crise de la BD". Par rapport à l’ensemble de l’industrie du livre, c’est même un secteur qui se porte bien, il y a encore eu une légère progression l’année dernière. C’est vrai qu’il y a beaucoup d’œuvres, près de 5500 œuvres nouvelles, mais je trouve cela extrêmement positif, moi. L’essentiel est que la diversité du marché éditorial soit conservée, que les jeunes et les nouveaux talents puissent émerger et que chacun y trouve sa place. Apparemment, c’est le cas. Et puis le virage numérique a été pris assez tôt par l’univers de la bande dessinée , je pense que c’est un atout aujourd’hui.
Ce dont on me parle, ce sont plutôt les questions qui se posent à l’ensemble des auteurs : le contrat d’édition, notamment à l’ère du numérique, chose dont les discussions sont en cours. Je suis contente d’avoir rencontré Vincent Montagne [Président du Syndicat National de l’Édition mais aussi de l’éditeur de bande dessinée Média-Participations. NDLR] aujourd’hui. J’espère que nous allons aboutir à un accord.
Votre prédécesseur Jack Lang avait mis sur pied une "Commission Fred" qui aboutit en janvier 1983 à l’établissement de 15 mesures spécifiques pour la bande dessinée. Qu’allez-vous faire de votre côté ?
Moi, ce que je souhaite faire, c’est établir un ensemble de mesures de soutien notamment pour les libraires. Je pense qu’il n’y a pas de bande dessinée, d’auteurs de bande dessinée, s’il n’y a pas de libraires pour faire aimer et découvrir la richesse de la bande dessinée au lecteur. J’annoncerai bientôt, fin mars au Salon du Livre, un programme pour la librairie qui ne concernera évidemment pas que la BD mais tous les libraires et qui constitue le meilleur moyen de soutenir l’univers de la bande dessinée.
Propos recueillis par Didier Pasamonik
(par Didier Pasamonik (L’Agence BD))
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