Le 12 juin dernier paraissait la bande dessinée d’investigation Algues Vertes, l’histoire interdite, écrit par la journaliste et documentariste radio Inès Léraud, mise en images par le dessinateur Pierre Van Hove et colorisé par Mathilda. L’album retrace l’enquête-fleuve menée par la journaliste sur l’épineux sujet des algues vertes qui, chaque été ou presque, envahissent les côtes bretonnes.
D’un problème que nous pourrions qualifier de simplement esthétique en apparence, Inès Léraud met en évidence un véritable scandale de dissimulation d’un risque pour la santé publique. En séchant, ces algues dégagent un gaz nocif pouvant être létal si la dose inhalée est trop importante. Nous comptons parmi les victimes de nombreux animaux, mais également des hommes.
L’enquête est accompagnée d’une réflexion quant à l’origine de ces fameuses algues. L’historicité du problème est traitée par le biais d’une remise en cause de nos modes de productions actuels, directement reliés à la prolifération de ces espèces végétales marines. Le lecteur se réjouira également de retrouver, de la même façon que pour le précédent album d’investigation de La Revue dessinée, Sarkozy-Kadhafi. Des billets et des bombes paru en janvier dernier, des preuves et explications complémentaires en annexes, venant documenter et légitimer le propos.
L’origine de ce projet est à attribuer au Breton Kris, qui n’est autre que l’un des fondateurs du périodique d’investigation dessinée. Celui-ci, appréciant le travail d’Inès Léraud, a contacté cette dernière et lui a proposé d’adapter l’une de ses enquêtes en bande dessinée. Après réflexion, la journaliste a pensé que celle concernant les algues vertes était la plus à même de se conformer au médium. Elle s’est d’ailleurs, assez rapidement, montrée très enthousiaste vis-à-vis de ce projet, mettant en parallèle l’aspect hybride du format bande dessinée à celui de la radio auquel elle est habituée.
Initialement paru dans le numéro 17 de La Revue dessinée, l’enquête a vu sa pagination augmentée pour finalement atteindre 144 planches. Le dessin de Pierre Van Hove (Le Voleur de livres, Futuropolis, 2015) parvient à rendre intelligibles par des procédés et montages graphiques astucieux certaines données assez complexes à appréhender. Il permet également la reconstitution de scènes, leur apportant une touche d’ironie des plus appréciables. Tout cela prend place au sein d’une ambiance verte et jaune, le premier rappelant le sujet même de l’album, le second le sable des plages où s’échouent les algues toxiques.
ActuaBD a pu rencontrer Inès Léraud pour la parution de sa première bande dessinée, l’occasion de questionner la journaliste sur son ressenti quant à l’enquête mais surtout vis-à-vis du médium qu’elle découvre.
L’album s’avère être un franc succès, La Revue dessinée annonçant sur sa page Facebook, le 28 juin dernier, le lancement d’une première réimpression seulement deux semaines après la parution !
Pour celles et ceux qui seraient en Bretagne cet été, une exposition consacrée au processus créatif ayant abouti à l’album se tient dans le cadre du Festival Lieux-Mouvants, à Saint-Antoine (22). Du texte au storyboard, en passant par les crayonnés et originaux de Pierre Van Hove, vous pourrez y retrouver l’intégralité des étapes de confection de l’enquête dessinée tous les week-ends de juillet et août.
(par Thomas FIGUERES)
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